Actualité 2013-14, Analyse

3e de 4… Football 201 : Les différences fondamentales entre un 3-4 et un 4-3


Dans mon dernier billet, je vous ai parlé des lignes défensives des défensives typiques 3-4 et 4-3, en utilisant comme exemple pour illustrer mon propos, les Steelers de 2009 (3-4) et les Colts de 2006 (4-3). Continuons avec les LB’s.

D’abord, c’est en parlant des LB’s qu’on va comprendre l’origine du 3-4. Comme il y a 5 receveurs disponibles à l’attaque, il faut au moins 5 gars pour jouer homme à homme (je ne vous apprends rien de sorcier!), donc on peut jouer homme-à-homme même si on blitz et que 7 joueurs sont utilisés pour mettre de la pression. Inversement , en zone, il y a pour ainsi dire 8 zones à couvrir dans une défensive, mais comme l’histoire démontre que mettre de la pression à 3 contre 5 OL, c’est presque impossible, la très grande majorité des défensives de zones utilisent 7 joueurs, ce qui en laisse 4 seulement pour mettre de la pression. Dans un 4-3, c’est évident que ce seront les 4 DL. Alors la principale différence entre un 4-3 et un 3-4, c’est ici qu’on la trouve : dans un 3-4, on ne sait pas qui est le 4e joueur (normalement un des deux OLB’s, mais ça peut être n’importe quel autre joueur) et on peut quand même jouer une zone derrière. L’arrivée du zone blitz (on en parlera dans un autre billet…) change un peu la donne, mais même avec cette stratégie c’est plus facile d’être créatif en 3-4 qu’en 4-3 puisqu’on aura alors deux fois l’élément de surprise, celle de qui est le 4e blitzer, en plus de la surprise du zone blitz.

750px-Linebacker34.svgPar contre ça veut dire que souvent, ce 4e joueur devra se prendre face à un OL, donc qu’il doit être capable de se battre avec un gros joueur de 300lbs plutôt qu’avec un FB ou un TE de 250lbs simplement. Dans une 4-3, les OLB ont rarement un OT devant eux. Les positions de OLB de 4-3 et de 3-4 sont donc deux positions très, très différentes, qui font appel à des aptitudes complètement distinctes.

Dans un 4-3, un des OLB’s (le « SAM ») joue du côté fort, donc doit faire face au TE sur les jeux au sol. Il est souvent un peu plus gros. On y voyait le prototype parfait quand Aaron Curry (6’2’’ 255lbs) est sorti de l’université et repêché 4e. L’autre OLB, le « will », soit le Derrick Brooks (6’0’’ 235lbs) ou la version moderne, Lavonte David (6’1’’ 233lbs ), est placé du côté faible, et il peut se permettre de glisser librement derrière les joueurs de lignes sans être bloqué et se rendre au ballon, donc a besoin de beaucoup de vitesse et d’instincts. On y retrouve souvent des joueurs qui sont arrivés à l’université comme SS et qui ont ajouté quelques dizaines de livres. Mais vous comprendrez que si David doit faire face à un OT qui pèse 80-100lbs de plus que lui, il va manquer sérieusement de muscle.

terrell-suggs-ravensPar contre, dans un 3-4, le OLB est souvent un DE universitaire qui n’est pas assez gros pour jouer le DE dans un 34. Terrell Suggs (6’3’’ 260lbs) est un exemple parfait, assez gros et fort pour affronter un OL, mais aussi assez fluide (vs un Jason Pierre-Paul à 278lbs) pour être pertinent en couverture sur la moitié des jeux.

Prenons nos deux équipes classiques, les Steelers de 2009 et les Colts de 2006. Les OLB des Steelers, James Harisson (6’0’’ 242lbs ) et Lamarr Woodley ( 6’2’’ 265lbs) sont d’anciens DE’s, interchangeables et d’abord des joueurs reconnus pour être efficaces quand ils courent vers l’avant. Les OLB des Colts, Rob Morris ( 6’2’’ 243 lbs) et Cato June (6’0’’ 227 lbs), sont les typiques SLB et WLB. June jouait SS à Michigan, là même école où Woodley jouait DE, mais là s’arrêtent les points communs entre ces deux joueurs, comme en témoignent les 40 lbs de différence. L’exception qui confirme la règle est Von Miller, qui joue comme SAM avec les Broncos. Il serait probablement à son mieux dans un 3-4, mais c’est le genre d’athlète exceptionnel qui se distingue dans n’importe quel système.

Du côté des secondeurs intérieurs, qu’on appelle le MLB dans un 4-3 et les ILB dans un 3-4, la différence se situe au fait que dans un 3-4, les ILB doivent être en mesure de prendre un bloc d’un OG sur un jeu au sol plus souvent que dans un 4-3, puisque les gardes y sont couverts par un DT. Ça permet à de plus petits joueurs (Jonathan Vilma, 6’1’’ 230 lbs seulement) de se tirer d’affaires dans un 4-3, lui qui a eu beaucoup de difficulté à produire dans le 3-4 quand les Jets ont changé de système au début de sa carrière. Mais la plupart des équipes de 3-4 utilisent un ILB plus gros du côté fort, qui doit affronter des gardes, et un autre, plus léger, du côté faible qui peut improviser et jouer en terrain ouvert, comme le Will du 4-3. Un bon exemple est au niveau des Patriots, ou Jerrod Mayo  ( 6’1’’ 245 lbs) est pas mal plus mobile que Brandon Spikes (6’2’’ 250lbs, qui est reconnu pour son 40 verges en haut de 5.0 secondes au combine). Le contraste entre nos deux défensives classiques n’est pas si grand, les Steelers (James Farrior 6’2’’ 243 lbs et Lawrence Timmons 6’1’’ 234 lbs ) auraient très bien pu fonctionner chez les Colts à la place du MLB, Gary Brackett (5’11’’ 235lbs), mais ce n’est pas toujours le cas, dans le passé des Steelers on a vu des ILB comme LeVon Kirkland (qui pesait au moins 260lbs) qui n’auraient pas pu jouer dans un 4-3, et vice-versa pour Vilma et DeMeco Ryans, fort habile dans le 4-3 des Texans il y a quelques années, est vite sorti des bonnes grâces quand ils sont passés à un 3-4, transition qu’ils devront réussir cette fois-ci avec les Saints et Eagles, respectivement, s’ils veulent garder leur job.

Une autre distinction importantes: rares sont les OLB de 3-4 qui peuvent jouer à l’intérieur, puisqu’ils sont surtout des DE mobiles, moyens pour se déplacer vers l’arrière et encore moins habiles latéralement. Alors que dans un 4-3, on voit souvent le même joueur servir de réservistes aux 3 positions, ou encore passer de MLB à Sam.

Dans la NFL d’aujourd’hui, les LB’s de 4-3, de même que les ILB’s de 3-4, sont faciles à trouver, et leur valeur a donc été dévaluée au repêchage. Il fait qu’un joueur démontre qu’il a la vitesse pour jouer dans les formations spécialisées (nickel et dime), et capable de couvrir un RB ou un TE homme à homme, pour être attrayant. Brandon Spikes a produit avec les Pats, mais son manque de vitesse au combine l’a fait glisser en 2e ronde. C’est ce qui explique les réserves que certains analystes ont sur un Manti Te’o comme choix de 1ere ronde, par exemple, alors qu’un gars comme ogletree-georgia-draft-2013Alec Ogletree, qui est un athlète beaucoup plus fluide et mobile, lui aussi s’est aussi présenté à l’université Georgia comme SS, peut sembler plus attrayant, malgré le fait qu’il n’a pas les instincts de diagnostic de jeu que Te’o a démontré (et sans oublier ses démêlés avec la justice, mais c’est une autre histoire).

Au niveau des OLB’s de 3-4, la plupart des candidats sont les mêmes que pour les postes de DE de 4-3. Des gars comme Damontre Moore (6’4’’ 250 lbs) génèrent de l’intérêt autant de la part des équipes de 3-4 (comme OLB) que de 4-3 (comme DE). L’an dernier, on a vu Shea McLellin être repêché par les Bears (43) alors qu’on disait qu’il avait le physique parfait (6’3’’ 260lbs) pour un OLB de 3-4. Par contre, avec la popularité grandissante des défensives 3-4 à l’université (Alabama, Georgia, Notre-Dame et Stanford, pour ne nommer que ces programmes de premier plan), il arrive maintenant des candidats  qui ont vraiment joué dans une 3-4. L’an dernier, on a vu Courney Upshaw (267lbs!), cette année on voit des Jarvis Jones de Georgia et Chase Thomas de Stanford, qui ont joué toute leur carrière comme OLB de 3-4, et seraient vraiment trop légers (245lbs) pour jouer DE dans un 4-3. L’avantage, c’est que comme ils ont joué leur carrière universitaire dans ce genre de système, c’est que c’est plus facile de prédire comment ils vont se comporter de reculons en couverture, et d’esseyer d’anticiper comment va se dérouler la conversion d’un DE universitaire comme Woodley à un poste de OLB qui demande de reculer. L’histoire du repêchage est remplie de gars qui n’ont jamais réussi cette transition.

Prochain billet on parle de la tertiaire.

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